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PÉDOPHILIE – MÈRES FRANÇAISES RÉFUGIÉES DANS LE CANTON DE VAUD

Un père accusé témoigne

Depuis 1999, François* trouve le Comité international pour la dignité de l’enfant sur son chemin. Après avoir recueilli le témoignage d’ une mère (notre édition du 2 février 2002), 24 heures a retrouvé un des hommes mis en cause.

Vendredi 5 juillet en fin d’après midi, l’Agence télégraphique suisse (ATS) annonce: «Une mère de famille française s’est réfugiée dans le canton de Vaud, en mars dernier, convaincue que sa fillette de cinq ans subit des abus sexuels de son père. Emprisonnée à la demande de la France, elle fait une grève de la faim.» Vendredi 12 juillet, toujours en fin d’ après midi, l’ATS écrit: «Deux mères de familles se sont réfugiées à Lausanne pour protéger leurs trois enfants de leurs ex-conjoints qu’elles soupçonnent d’abus sexuels.» Président du Comité international pour la dignité de l’enfant (CIDE), le député Georges Glatz, déclare dans la dépêche que le canton de Vaud accueille désormais sept mères françaises et leurs enfants, que depuis trois ans le CIDE s’est occupé de vingt-quatre cas semblables.

A chaque fois, les mères, accueillies par le CIDE, rapportent les témoignages de leur progéniture: réunions d’adultes déguisés, mises à mort de bébé, viols, chasse à courre d’enfants (24 heures du 2 février). A chaque fois, ces mots font frémir. A chaque fois, le point de vue du père mis en cause est occulté.

Lausanne 2002: parole de père

François*, 41 ans, vivant dans l’Ouest de la France, ne reverra pas de sitôt ses enfants, Pierre* et Marie*. En effet, le 23 avril dernier, un président du Tribunal civil de l’arrondissement de Lausanne, a – pour l’intérêt prépondérant des deux enfants – suspendu le droit de visite du père. A l’audience, Georges Glatz était présent. Il s’est contenté de parler de façon générale des activités du CIDE.«Il n’a pas parlé de nous. J’avais l’impression qu’il dressait un catalogue de ces activités, qu’il vendait sa soupe.» Le père de Pierre et Marie sait que le temps joue contre lui. La justice vaudoise a suspendu son droit de visite, jamais respecté depuis des années. «Plus le temps passe, moins mes enfants voudront me voir, plus la justice respectera leur choix», analyse tristement le père divorcé. Cela fait huit ans qu’il ne les a pas vu. Ce fut la première fois que les deux hommes se croisaient mais pas la première fois que le CIDE faisait irruption dans la vie de François.

C’est Janine*, la mère des deux enfants vivant aujourd’hui dans le canton de Vaud, qui a fait appel à l’organisation lausannoise. En 1994, le couple se sépare. Deux ans plus tard, Marie (aujourd’hui 16 ans), parle d ‘attouchements aux retours des week-ends chez son père. Nicole porte trois fois plainte. Les deux premières sont classées. A la troisième, la justice française entre en matière. François est arrêté, emprisonné, interrogé par la police. Cinq de ses amis sont aussi entendus. Les enfants ont parlé de plusieurs grandes personnes, de secte. Innocenté par un premier non-lieu, François fait l’objet d’un deuxième procès, car son ex-épouse a fait recours. Il sera innocenté une deuxième fois. L’expert interrogé déclare que le témoignage des enfants doit être «reçu avec prudence… qu’il faut être prudent dans l’interprétation des déclarations; que la description des lieux et du cérémonial sectaire par la fillette conserve une grande précision avec des aspects luxuriants et fantastiques dans le témoignage et dans le dessin comme on les trouve dans certains films ou bande dessinées.» Marie a aussi dit à l’expert qu’elle était à ce moment-là droguée et hypnotisée.

Paris 1999: témoin du CIDE

Le CIDE entre alors dans la partie. Au cours du même procès, le témoignage d’une fillette de l’Est de la France est apporté par la mère. L’ association lausannoise lui vient en aide. Le CIDE a présenté la photo du père à la petite française. Elle l’a reconnu comme étant l’homme qui lui a fait subir des sévices sexuels. Le témoignage «sans garantie judiciaire à l’ initiative d’un organisme privé siégeant à Lausanne» ne convainc pas les juges. François est innocenté une fois encore. «Nous ne procédons plus ainsi aujourd’hui, affirme Georges Glatz dont l’organisation travaille davantage ses dossiers et continue de suivre le père. S’il en a fini avec la justice française en 1999, ce dernier n’en a pour autant fini avec les accusations qui lui collent à la peau, lui, le «père abuseur, grand prêtre d’une secte pédophile».

Au Consulat général de France à Genève, François Laumonier, se dit étonné par les témoignages qu’il lit dans la presse romande mais reste confiant en la justice de son pays. Au Ministère de la justice à Paris – renseignements pris – on est aussi soucieux du sort des mères françaises du canton de Vaud. Quant aux témoignages relayés par l’association lausannoise, la justice française estime «qu’ils ne correspondent pas à des faits avérés.»

*Tous les prénoms ont été modifiés par la rédaction.

ALAIN WALTHER

Le droit à la parole  – ÉCLAIRAGE

Il s’agit de donner à chacun la possibilité de témoigner.

Depuis le début de l’année, la presse romande, 24 heures en premier, donne la parole à des mères qui se réfugient dans le canton de Vaud pour protéger leurs enfants contre les éventuels abus sexuels de leurs pères. Ces derniers, par contre, n’ont jamais eu droit à la parole. Qui, quoi, quand, où? Les protégées du Comité international pour la dignité de l’enfance (CIDE) se taisent par «mesure de sécurité».
Depuis le début de l’année, à lire les journaux romands, on apprend que la France serait un pays de non-droit où des infanticides organisés auraient lieu dans l’indifférence générale. Juges, avocats, gendarmes, policiers, journalistes, tout le monde s’en ficherait. Comme si ces gravissimes accusations lancées par ces mères françaises réfugiées en Pays de Vaud n’étaient que lettres mortes, sornettes. A croire que les journaux de Lausanne ne sont pas lus en France voisine.
Donner la parole à un père accusé de viols sur mineurs, lui laisser le droit de dire qu’il a été innocenté à deux reprises par la justice française, n’entache en rien les témoignages des enfants. Rapporter que la justice française considère que ces déclarations ne sont pas à ses yeux des faits avérés ne signifie pas que l’on nie l’existence de réseaux pédophiles.
Il s’agit juste de respecter le droit au témoignage de chacun dans ce qui est, à l’origine, un divorce catastrophique où les enfants souffrent à cause de parents qui n’ont pas su se séparer.
A. W.

Ebauches de solution

RÉACTIONS

Des lieux de confrontation thérapeutique?

Alerté par la situation de ces mères françaises exilées, le magazine Marie Claire du mois de juillet consacre une enquête à ce sujet. Le procureur de la République, à Nice, y donne son avis: «Pour juger ce genre de dossiers, il faut commencer par reconnaître que l’exploitation des enfants par des adultes pour leur plaisir est un phénomène qui existe. C’est pour cela que je suis favorable à la diffusion des images de cassettes pédophiles lors des procès. Il faut arrêter de s’enfoncer la tête dans le sable.» Sur le plan judiciaire toujours, le magistrat prône une meilleure coopération entre les différents pays. Interrogé par nos confrères du Temps (17 juillet), le psychiatre lausannois Gérard Salem appelle de ses voeux la mise en place de structures interdisciplinaires – médicales, juridiques, éducatives – où les mères pourraient avoir des lieux de confrontation thérapeutique avec le père, avant d’en arriver à la solution ultime de l’ exil. «Il en existe un à Paris, un à Milan, un à San Diego, nous projetons d’en ouvrir un en Suisse. C’est peu».
Article 3

24Heures2 février 2002 – Vaud